mardi 29 mai 2012

Au théatre

TGP THEATRE GERARD PHILIPE, CDN DE SAINT-DENIS - EMBRASSER LA LUNE

 

Pour elle, c’est Mozart, un extrait des Noces, la cavatine du quatrième acte, l’ho perduta.
Légèreté du chant, arpèges des violons, ça lui vient comme ça, en dormant, dans un souffle, je l’ai perdue…
Et pour lui c’est Schubert, le dernier lied du Winterreise, der Leiermann, Soll ich mit dir geh’n ? La voix grave du vieux joueur de vielle et le bourdon de l’ostinato traversent l’espace et le temps, devrais-je partir avec toi ?
Ces deux airs se croisent, se mélangent, se superposent.
Une femme, un homme, deux voix.
Et entre les deux, le son ténu et cristallin des boîtes à musique accompagne leurs chants, fait grincer la tempête des ballons, donne des ailes à la lune.
Raconter quelque chose de la nuit des enfants, de ce moment d’intimité avec soi-même, avec ses pensées, ses rêves. On l’oublie parfois, l’enfant petit se construit aussi dans la solitude. Entre veille et sommeil, le chant et le son cristallin des boîtes à musique accompagnent ses premiers pa

TGP THEATRE GERARD PHILIPE, CDN DE SAINT-DENIS - EMBRASSER LA LUNE

EMBRASSER LA LUNE

THÉÂTRE

Conception et écriture

EVE LEDIG, SABINE SIEGWALT, JEFF BENIGNUS / FIL ROUGE THÉÂTRE

TGP THEATRE GERARD PHILIPE, CDN DE SAINT-DENIS - EMBRASSER LA LUNE

Evoquer les premiers pas de l’enfance, l’intime et l’universel : voilà ce qui anime le travail de la Compagnie Le Fil rouge théâtre.

Avec Embrasser la lune, elle présente ici une forme musicale et théâtrale destinée aux tout petits et dont la thématique est l’évocation de la nuit. Parler de la nuit aux plus jeunes, c’est évoquer la peur et le plaisir, la veille et le sommeil, le cocon rassurant du lit et l’obscurité peuplée de mystères et d’angoisses. Et c’est aussi parler des songes et des rêves. En racontant la nuit d’une petite fille, l’équipe artistique du Fil rouge théâtre décline toute la gamme d’émotions qui l’anime et convoque Mozart, Schubert mais aussi des boîtes à musique pour plonger le spectateur dans les eaux profondes de la nuit et souligner avec délicatesse le fait que grandir, c’est également rêver.

Depuis maintenant plus de 10 ans, Le fil rouge théâtre tisse des liens constants entre le geste, le langage, l’espace, la voix parlée, le chant, pour écrire un théâtre qui parle autant aux enfants qu’aux adultes.

« Du fond des temps monte une berceuse ; qui berce-t-elle ;
une femme, un homme, ou un enfant ?
L’âge et le sexe importent peu.
Ni le pays ni le mouvement.
Le ciel et la terre sont complices.
Il y a toujours une lumière qui s’éteint, une lumière qui s’éveille,
un peu de vent, beaucoup de nuit, (…)
car le jour ne peut pas finir,
car la nuit ne peut pas finir,
dodo mon cœur, mon cœur d’enfant
et mon cœur d’homme. »

Paul Éluard, Les sentiers et les routes de la poésie

Elle est là. Elle est belle. Elle est pleine. C’est la lune, lumineuse. Elle enveloppe le plateau de sa lumière bleutée.

2Elle est là. Elle, une petite fille. Couchée dans son lit de plusieurs matelas fleuris et empilés, elle essaie de s’endormir. Elle s’agite, se tourne, se retourne, elle fait tanguer sa couche, un chant s’échappe de ses lèvres, comme un murmure. Mozart.

3Un homme passe, traverse le plateau. Il tient la lune, il chante en allemand. Schubert.

4Elle ne le voit pas, pourtant sa présence et ce chant doux, l’apaisent.

5La nuit est pleine de mystères. Elle s’endort, se réveille de nouveau, s’agite encore. Elle rit, elle n’est pas tranquille, elle tombe de son lit, il repasse avec la lune, elle s’apaise à nouveau, se rendort. Il la porte et la pose délicatement dans son lit.

6Elle se réveille, se tourne, se retourne, soupire, agite ses jambes, elle tempête, jette ses oreillers, ses matelas, une vraie tempête, le lit démonté, puis la voix chaude de l’homme, elle s’apaise, elle s’endort. Au fond, plusieurs lunes, toutes identiques, toutes pleines, diffusent les lumières de la nuit.

7La nuit est pleine de mystères. Qui est cet homme ? Personnage réel ou imaginaire sorti tout droit de la tête de l’enfant ? Quelle est cette voix ?

8C’est la nuit qui est mise en scène ici, la nuit d’une enfant. Avec le corps qui parle quand on n’arrive pas à trouver le sommeil. Avec le temps qui n’en finit pas. Avec les refuges qui se construisent, qu’on s’invente avec tout ce que la nuit nous livre de ses silences, de sa lumière, de tout ce qu’elle nous permet de revivre de la journée passée, les images, les sons, les émotions… Avec la solitude, la solitude de l’enfant, la nuit…

9C’est un spectacle à la fois doux et inquiétant, apaisant et excitant, comme la nuit.

10Les voix, les sonorités des boîtes à musique, les lumières, les silences, la scénographie faite de ballons bien ronds, de matelas, d’oreillers et d’édredons douillets, aux imprimés colorés, de voilages légers et sensibles au moindre mouvement, ainsi que cet homme mystérieux à la voix chaude qui conduit la danse des lunes, nous plongent dans un bain de volupté rare au théâtre.
« Embrasser la lune », c’est le titre du spectacle et c’est aussi une vraie invitation à se pencher sur ce moment d’intimité avec soi-même, avec ses pensées, ses rêves, qu’est la nuit.

 

pris sur le site pour l ecrit vert  :http://www.cairn.info/revue-spirale-2011-1-page-145.htm

Un homme, une femme, deux voix. Entre les deux, le son tenu et cristallin des boîtes à musique accompagne leurs chants.Tout d’abord, il y a “Elle”. Seule sur un lit si haut qu’il rappelle celui d’une princesse. C’est son monde. Petit à petit, elle va s’y sentir à l’étroit. Le désir puis le besoin lui viennent d’explorer l’ailleurs. Toute la gamme des émotions accompagne ses découvertes, ses tentatives, ses échecs, ses victoires. Quand la joie vient, elle est éclatante. Et quand la colère la traverse, elle est immense…

Et puis il y a  “Lui”. Il appartient à l’espace de la nuit, à l’énigme du sommeil et des rêves. Elle ne le voit pas. Mais comme les chants qui se croisent jusqu’à se fondre ensemble, le rêve et la réalité agissent l’un sur l’autre.

Embrasser la lune raconte quelque chose de la nuit des enfants, de ce moment d’intimité avec soi-même, avec ses pensées, ses rêves… Une évocation de la solitude, nécessaire à tout âge qui aide également l’enfant à se construire.

Car grandir, c’est rêver aussi.

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